Pour vous rassurer
Comme je suis un inconnu il est normal que vous puissiez craindre de perdre votre temps… Aussi, pour vous rassurer, je décide de vous donner deux garanties ( il est vrai de valeur très relative…) : deux lettres contradictoires, l’une et l’autre provenant de deux professeurs agrégés de philosophie très connus, reçues à la suite de l’envoi d’un texte un peu ancien (2021) … (Dont Je supprime l’en-tête pour ne pas engager leurs auteurs sur des écrits qu’ils ne voudraient peut-être pas voir divulgués…).
(Ou l’on voit qu’à mon âge (!) (lequel ?), je me comporte comme un lycéen – ou un collégien… [mais « sans complexe » et pour la bonne cause]).
1°) Appréciation défavorable (copie d’un courriel du 1er juin 2021)
« Cher monsieur, […]
Vous vous livrez là à un exercice que peu de gens prennent le temps de faire : coucher sur le papier ses convictions, les formuler, c’est-à-dire leur donner forme. Cet exercice est difficile, exigeant. Il est certainement utile pour vous.
Quand on commence à donner forme à ses pensées on s’étonne tout d’un coup du poids de l’opinion, on a l’impression que jamais personne n’a pensé ce que l’on pense ! C’est à cette impression que s’exposent les autodidactes et vous n’y échappez pas, ce qui est bien normal.
Hélas pour faire bouger le monde de vastes déclarations ne suffisent pas. Beaucoup, comme vous, font appel à l’intelligence et au coeur, mais cette incantation ne suffit pas. Quand le Pape tient les mêmes propos que vous personne ne semble l’écouter. Vous n’auriez pas plus de succès !
Votre texte soutient des opinions déjà étudiées, par exemple sur la Révolution ou les Lumières. Vous avez sans doute raison mais cela a déjà été dit depuis longtemps et par plus savants que nous.
Ainsi ce texte vous sera utile mais il reste dans des affirmations générales (vous abusez des « tout », « toujours », personne »…!) qui ne trouveront pas leur public.
Mon conseil : continuez de travailler pour vous, lisez des penseurs politiques comme Tocqueville, Benjamin Constant, Edmund Burke, cela vous passionnera, mais renoncez à votre projet d’édition car votre texte n’apporte pas vraiment d’idées nouvelles et vous ne bénéficiez pas d’une autorité qui vous permettrait d’atteindre un auditoire. (C’était en 2021)
Merci de votre confiance, bravo pour votre passion. Bien cordialement
2°) Appréciation plutôt favorable
(copie partielle d’une lettre du 13 juillet 2022)
Je vous remercie pour votre courrier, et pour avoir bien voulu partager avec moi le fruit de vos réflexions ; merci également pour la confiance que vous me témoignez en me faisant ainsi part de ce projet qui vous tient à cœur.
J’ai pris connaissance de votre démarche, et de vos réflexions sur l’homme et le politique. Tout d’abord, concernant votre question sur l’intérêt même de votre projet, je ne peux que saluer et encourager vivement une telle initiative. Dans ce contexte de ce que nous traversons, où la tendance est à l’accélération continue et à l’agitation fébrile, à la recherche de l’efficacité plutôt que de la justesse, nous avons plus que jamais besoin de personnes capables de se tourner vers la réflexion, de prendre le temps qu’elle requiert. Toute participation au débat intellectuel est donc bienvenue !
Au sujet des idées que vous présentez, vos textes contiennent de nombreuses pistes de réflexion, qui méritent d’être creusées, et sauront assurément intéresser les lecteurs que vous toucherez. Bien des thèses que vous développez rappellent la vision anthropologique et politique élaborée par Aristote, qui a beaucoup contribué à ma formation : mais c’est là une lecture que vous avez sûrement déjà faite. Je partage en grande partie sa vision politique, et notamment cette idée de la politique comme condition et lieu d’accomplissement ultime de l’homme dans sa nature rationnelle, de la politique comme art architectonique et comme service du bien commun.
Je me reconnais beaucoup dans toute la tradition philosophique qui met la personne et son épanouissement matériel, intellectuel, moral et spirituel au centre de l’action politique, comme pierre de fondation et comme visée de l’édifice politique, et non pas comme rouage du politique dont il faut s’accommoder de mauvaise grâce pour acquérir et contrôler le pouvoir, ni comme individu autonome, titulaire de droits, mesure de toute chose et indifférent à ses semblables. Nous avons plus que jamais besoin de personne qui promeuvent cette vision de l’homme, et je vous remercie de vous en faire l’avocat.
Je vous souhaite de tout cœur beaucoup de réussite dans votre projet. En vous remerciant encore je vous prie de croire, cher Monsieur, en l’assurance de mon entier dévouement.