(a) Les animaux

Pour comprendre la société la première condition à remplir est celle la connaissance de la psychologie humaine. Non pas celle de ses variantes (même si celles-ci sont fort utiles à connaître), mais celle qui montre ce qu’il y a de commun à tous les hommes. Celle que nous pouvons désigner sous le terme psychologie fondamentale.

Cependant, avant de réfléchir aux caractères commun à tous les hommes, il me semble utile de les comparer à leurs voisins, les animaux supérieurs (dont ils partagent d’ailleurs largement de nombreux traits importants… dont la plupart sont plutôt flatteurs pour les hommes…)

Il y a deux questions que, dans leur orgueil naturel, les hommes se posent rarement :  1. quelles sont les ressemblances et les différences entre eux et les animaux ? 2. l’espèce humaine est-elle – ou non –d’une nature radicalement différente de celle des animaux ? 2

Pour répondre à ces questions il n’est pas inutile de se pencher brièvement sur l’observation des animaux, pour voir en quoi nous leur ressemblons et comment nous nous en différencions …

Les mammifères supérieurs, auxquels nous nous comparons présentent une série de caractères que nous partageons avec eux :

Certains caractères sont communs à tous : les uns évidents : le besoin de se nourrir, de se reproduire, de défendre son intégrité physique et psychique; d’autres moins visibles mais aussi réels, comme, au moins pour certains d’entre eux (par exemple les singes bonobo ) le besoin d’avoir une vie sociale de nature simple et naturelle, ou encore la capacitéde trouver des solutions pour s’adapter au milieu environnant…

D’autres caractères, au contraire, ne sont le fait que d‘une minorité ‘individus : le besoin d’occuper dans la société une place particulière, caractérisée, soit par une fonction (par exemple, la surveillance des prédateurs prêts à attaquer le groupe), soit par une attitude implicitement flatteuse ou humiliante (notamment de domination, ou, au contraire, de soumission, ou de résignation…)

Certains animaux, espèces ou individus ont des pratiques d’ordre esthétique, analogues à celles des humains, comme par exemple la danse ou l’art de la séduction…

Les animaux savent transmettre à leurs petits les comportements qu’ils auront intérêt à adopter dans leur future vie d’adulte (ce que les humains savent si mal faire…).

A l’occasion, certains animaux font preuve d’un comportement moral, non choisi, mais accepté… (par exemple quand une mère défend ses petits agressés par une autre bête).

Si ces caractéristiques permettent aux animaux de vivre conformément à l’intérêt individuel de chacun…d’autres impliquent une adhésion de fait à un intérêt collectif, à une morale, informulée, mais acceptée et pratiquée, à un ordre qui les dépasse en tant qu’individus : comme le respect et la protection de la vie de leurs semblables (notamment du petit que l’on élève… ou de celui dont on attend la naissance,…), l’acceptation de l’existence des autres espèces 1, et le respect de la nature à ne pas soumettre à une surexploitation.

Il s’agit là de comportements collectifs, mais certains animaux adoptent des attitudes individuelles non déterminées par la nécessité à laquelle ils se trouvent soumis, et que l’on ne peut que placer  au niveau de la sympathie   ou d’une forme d’amour… – à l’égard des représentants des autres espèces. C’est le comportement du chien à l’égard de son maître ; mais cela peut parfois aller bien plus loin, par exemple, quand un gorille vient rapporter à ses parents un bébé tombé dans la fosse dans laquelle les humains avaient eu la méchanceté de l’enfermer… (Sans le savoir, mais effectivement, il n’a pas pratiqué la vieille formule d’une partie des humains œil pour œil et dent pour dent…).

Au vu de leur comportement, Il est impossible de reprocher quoi que ce soit aux animaux. Ce, non seulement parce qu’ils ne jouissent pas d’une vraie liberté de décision, mais parce qu’à l’échelle individuelle, comme à l’échelle collective, en principe, leur comportement obéit à leur légitime droit à vivre selon leur nature. Ainsi qu’à leur intérêt collectif. Et à la survie indéfinie de leur espèce…

Il est vrai qu’on leur reproche parfois une certaine méchanceté    mais ce n’est pas alors sous l’influence d’une hostilité à l’égard des hommes, mais sous celle de plusieurs raisons bien compréhensibles : 1. une erreur d‘appréciation de la situation (« non, l’homme qui vous pousse avec son bâton n’est pas l’adversaire dangereux que vous appréhendez ! c’est quelqu’un qui veut vous conduire quelque part, où vous ne serez pas plus mal – sauf si c’est à l’abattoir…», 2. le souvenir laissé par un maître qui a frappé l’animal (non ce chien, qui vient vous mordre, n’est pas né méchant, mais il l’est peut-être devenu sous l’influence de son maître –  qui en réalité est celui qui mérite l’appréciation de méchanceté… [ou d’inconscience), 3.  la méfiance inconsciente résultant de la longue histoire des relations avec l’espèce humaine… 4. La soumission à une nécessité à laquelle leur nature particulière les a soumis, celle de se nourrir …

Alors peut-on considérer les animaux comme nos modèles ? En un sens oui, parce qu’ils sont parfaitement adaptés à la condition que leur a attribuée la nature… alors que c’est très loin d’être le cas, non seulement de beaucoup d’hommes –  qui n’en sont souvent qu’une affreuse carricature – mais de la quasi-totalité du monde développé qui détruit notre planète.(En se vantant bêtement de la dominer !).

(Aussi, en Russie, en Turquie, en Chine, en Iran, en Israël, dans les pays arabes, aux Etats-Unis, et dans bien d’autres régions du monde  – y compris en Europe –  les leaders des plus connus de notre planète souffrante auraient-ils avantage à prendre modèle sur les animaux…2)


A cet égard, il est remarquable et admirable de voir parfois dans la brousse africaine plusieurs groupes d’animaux espèces différentes se côtoyer dans une indifférence apparente, mais sans marques de la moindre agressivité…

  1. A cet égard, il est remarquable et admirable de voir parfois dans la brousse africaine plusieurs groupes d’animaux espèces différentes se côtoyer dans une indifférence apparente, mais sans marques de la moindre agressivité… ↩︎
  2. Si bien qu’à l’occasion d’une grande conférence internationale de chefs d’état, avant de débattre sur les grandes questions du monde, personnellement, je conseille à tout hôte invitant bien inspiré – s’il en existe… – de proposer une visite au zoo de sa ville… Bien sûr, pour le cas où il n’y penserait pas, , en n’accréditant que les honnêtes journalistes de son choix, ceux prêts à poser les questions honnêtes aux visiteurs, et à s’abstenir d’évoquer les réflexions qu’ils pourraient imaginer trotter dans la tête des singes les plus lucides…). ↩︎